Attention à l’interprétation des mots

Toutes les descriptions que l’on peut trouver dans les livres, précisant les différentes étapes de la noyade, ou les différents stades, voir même la différenciation entre des noyés bleus ou des noyés blancs, les noyades sèches ou humides, sont intéressantes pour la culture personnelle. En revanche l’utilisation de ces termes pour décrire une situation d’accident peut prêter à confusion car tous les acteurs n’ont pas les mêmes définitions ou la même culture pour les interpréter.

Utiliser certains mots n’apporte donc pas de garantie de plus-value à la prise en charge d’une victime de noyade. Même le mot noyade n’a pas la même signification pour tout le monde. Certains l’associent à une victime en arrêt cardio ventilatoire, d’autres s’en servent pour toutes les situations de la simple inhalation à la victime inconsciente ou en arrêt cardiaque.

Au sein même de la profession des maîtres-nageurs, pour une même situation, la qualification du stade de noyade ne sera pas la même entre différents sauveteurs. En effet les bilans secouristes relatifs à chaque stade ne sont pas toujours bien maîtrisés. De plus, il est toujours plus fiable en situation d’urgence de décrire chaque élément du bilan secouriste plutôt que de donner un terme globale censé les regrouper. Au moins il n’y a pas de doute sur la réalité. Que dire enfin de l’interprétation d’un bilan secouriste auprès d’un médecin régulateur qui a lui-même un autre référentiel sur la définition de la noyade.

L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a établi la définition suivante (2014):

« La noyade est une insuffisance respiratoire résultant de la submersion ou de l’immersion en milieu liquide. » Les issues de la noyade seront classées de la manière suivante : décès, séquelles et absence de séquelles. Les experts ont également convenu par consensus qu’il ne fallait plus utiliser les expressions noyade mouillée, sèche, active, passive, silencieuse ou secondaire. »

Il est donc important de parler le même langage pour bien se comprendre. Il n’appartient pas au maître-nageur sauveteur de poser un diagnostic. Cela n’est pas de sa compétence. Il ne dispose pas d’éléments suffisamment fiables pour le faire.

Il convient donc de se rattacher aux fondamentaux, à savoir un bilan secouriste précis, en particulier en ce qui concerne les 3 fonctions vitales. D’autre part, les circonstances précises sont aussi très importantes : depuis quand a eu lieu l’immersion, combien de temps a-t-elle duré, quels signes sont apparus depuis, y-avait-il des symptômes particuliers avant la baignade (douleurs, troubles respiratoires…)…

Et la noyade sèche alors ? C’est une situation qui apparaît dans quelques rares cas lorsqu’une victime (principalement des enfants) est restée immergée suffisamment longtemps pour inhaler une très faible quantité d’eau sans pour autant perdre conscience. Cette immersion a provoqué des lésions dans les poumons dont les signes vont apparaître dans les heures et les jours qui suivent. Cela prendra la forme de difficultés respiratoires, de fièvre, de troubles neurologiques… Ce sont ces signes qui devront alerter les parents. La combinaison des signes et des circonstances initiales qui ont précédé amèneront à la prise en charge médicale. Alors appeler cela comme vous le voulez : noyade sèche, à retardement… mais surtout ce qui compte par-dessus tout, comme à chaque noyade et ce quelle que soit les circonstances (piscine, eau douce, eau salée, avec phase de bouchon, sans bouchon…) c’est la précision du bilan circonstanciel et des fonctions vitales qui permettra la meilleure prise en charge d’une victime !